Atelier Fil

DEMARCHE

Itération

La ville est en mouvement constant, elle se construit et se reconstruit, mais échappe parfois à ses acteur.ice.s. Par l’itération, nous souhaitons réévaluer à chaque étape le contexte qui entoure le projet dans ses interactions locales et globales et intervenir au moment présent en donnant à voir le temps long. Nous proposons des points d’accroches tout au long de la vie du projet, pour laisser l’imprévu et les usages s’exprimer. Nous considérons les évènements au même titre que les changements longs, en restant en veille sur les opportunités et en proposant des évènements déclencheurs de transformation.

 

 De nouvelles temporalités peuvent être investies, et même pourquoi pas inventées : que cela soit le temps d’un chantier ou celui d’une préfiguration. Les phases successives de projet peuvent être ainsi décloisonnées. Dans notre démarche de recherche, nous nous attachons à développer des outils et méthodes pour actualiser le projet au fur et à mesure  et nous étudions les rythmes et cycles de vie du bâti, des matériaux, des usages, afin que nos projets s’y adaptent.

 

 Cette approche se décline dans les compétences suivantes : *Projet itératif*Long terme*Rythmes et cycles de vie

Frugalité

Les grands projets aux investissements importants demandent à être accompagnés d’interventions frugales, dont la réalisation immédiate permet de réajuster le projet global selon les aléas. La recherche de la frugalité propose des processus de projet moins traumatisants et moins chers, en ciblant des interventions ‘’justes’’ et opportunes. Elle nous invite à une évaluation fine des besoins et modes opératoires, à une utilisation de l’existant ou au réemploi des matières à disposition.

 

La frugalité favorise l’émergence d’une nouvelle esthétique urbaine. La matière locale, brute, récupérée, détournée, assemblée, engage un nouveau vocabulaire sensible dans notre cadre de vie. Nous souhaitons encourager dans nos projets l’émergence de nouvelles pratiques créatives accessibles et réalisables par tou.te.s.

 

Cette approche se décline dans les compétences suivantes : *Réemploi*Écologie et low-tech*Techniques traditionnelles

Partage

En partant du principe que tout à chacun peut formuler une demande pour son quartier, sa ville ou son milieu professionnel, nous cherchons à impliquer tou.te.s les acteur.ice.s dans leurs expressions multiples, en favorisant le dialogue entre Maîtrise d’Ouvrage, Maîtrise d’œuvre et usagers.

 

L’implication et le pouvoir d’agir de chacun.e ont besoin d’être accompagnés. Cela nous conduit à inventer des outils de gouvernance qui aident chacun.e à agir, dialoguer et négocier. Cela nous amène aussi à analyser et dépasser les limites techniques et réglementaires pour faciliter cette capacitation. Spatialement, nous ménageons les espaces partagés -publics ou privés- dans leur capacité à accueillir l’expression de toutes les opinions contradictoires.

 

Convaincu.e.s que le bien-être d’une société se retrouve dans les biens communs qu’elle partage, nous mettons en réseau les acteur.ice.s et structures autour du projet pour valoriser les forces et matières en présence. Nous portons également notre attention à l’invisible, tous ces liens qui font prendre sens à un lieu, liens sociaux ou liens vécus, qui le font reconnaître et « l’habiter ».

 

Cette approche se décline dans les compétences suivantes : *Participation*Auto-construction*Appropriation des espaces

Projet itératif

Le projet itératif est défini mais non figé. Son développement suit une trame initiale sur laquelle des inflexions apparaissent au cours du temps, car le projet intègre ce qu’il produit, en terme de connaissances, d’expériences, d’aventures. Ni la maîtrise d’ouvrage ni la maîtrise d’œuvre ne sont des oracles, nous ne prédisons pas l’avenir, nous nous nourrissons du présent et de ses variations vis-à-vis de la projection initiale, restant alertes. Le projet itératif s’autorise ainsi des allers-retours, des revirements, des approfondissements inopinés ou inattendus. Les outils du projet itératifs sont, entre autres, la veille constante sur ce et celleux qui entourent le projet, les réunions collégiales, les atlas, les jeux de rôles, la préfiguration.

Réemploi

Il s’agit du recours à des matériaux, produits et équipements de seconde main dans la construction de bâtiments. Conscientisé·es aux impacts de la construction sur le gas-pillage des ressources de la planète, nous nous efforçons de faire du réemploi de matériaux une technique courante de construction. Ce n’est pas sans difficultés, car il s’agit de profondément changer nos habitudes professionnelles, nos catalogues de ressources, nos filières d’approvisionnement, nos partenaires. La filière est en cours de consolidation en France, et nous y contribuons en accompagnant avec enthousiasme et méthode les collectivités, les entreprises, et les autres architectes. Nous réalisons pour cela des études de conception intégrant du réemploi, nous animons des chantiers pilotes et des journées de formations. Le réemploi n’est pas moins cher à court terme, mais beaucoup moins coûteux à long terme !

Participation

Recueillir la parole des bénéficiaires dès les prémices d’un projet permet de générer une architecture humaniste génératrice de lieux de vie en résonance avec son environnement et ses usager·es. Parler d’implication dans le processus de projet suppose que les personnes investies possèdent un rôle décisionnaire et non consultatif. C’est une démarche qui permet de modifier les contours du collège décisionnaire de la maîtrise d’ouvrage, et non une opération de communication visant à faire accepter un projet. Cette démarche permet de livrer des projets avec des usager.e.s en connaissance du bâti et impliqué.e.s dans sa vie à long terme.

Long terme

Les projets d’architecture et d’urbanisme durent longtemps, en conception comme en usage, et les constructions que nous concevons et faisons construire, en tant qu’architecte, nous dépassent dans le temps et dans l’usage. Au delà de la décennale ou de la trentennale, que deviennent-ils, à qui appartiennent-ils ? Nous nous attachons à concevoir des projets qui peuvent facilement être réinterrogés, remaniés, actualisés par leurs destinataires. Pour cela, aux côtés d’une conception qui cherche concrètement à privilégier la démontabilité et le réemploi, se place une production d’outils et de matériaux permettant de garder la trace des projets : non seulement les plans techniques, mais aussi l’histoire du projet, l’histoire des choix faits, les récits qui entourent les projets.

Ecologie et low tech

Une approche écologique, c’est pour nous, se concentrer sur des conceptions qui permettent la plus petite dépense énergétique pour le plus grand gain de confort, tout en minimisant les dépendances à des expert·es et des énergies fossiles. Le recours à des dispositifs architecturaux simples, efficaces et généreux sont liés à des équipements techniques faciles à utiliser, à réparer et à construire. La frugalité demande, entre autres, que l'utilisation des ressources soit le plus efficient et pérenne possible, ce qui inclut l’approvisionnement, l’usage et le démontage.

Auto-construction

L’auto-construction questionne la posture de l’architecte. Ce.tte dernier.e revêt un rôle de conseil, de soutien, d’accompagnateur.ice et de transmission à une maîtrise d'ouvrage en position de construire. Les techniques et méthodes modernes du bâti ont eu tendance à déposséder les habitant.e.s de la connaissance de leurs habitats, leur fonctionnement et la manière d’en prendre soin de manière pérenne. Nous nous attachons donc à redonner ces outils de compréhension notamment du bâti ancien. L’auto-construction fait preuve d’une inventivité et d’une habilité / astuce, enjouée qui donne des lieux vivants. Les solutions constructives sont parfois guidées par la simplicité et l’efficacité, ce qui en fait un endroit de réflexion crucial de l’architecture accessible à toutes et tous.

Rythmes et cycles de vie

Le rythme du projet est vécu différemment pour les différentes parties prenantes de l’aventure. Les concepteur·rices y passent beaucoup de temps en production, savent se projeter dans les phases et les espaces, tandis que les destinataires sont en attente, parfois non sachant·es du déroulé du projet. Le soin aux rythmes de chacun·e est important. Tout comme l’analyse des rythmes des autres acteur·rices autour du projet : voisinage, institutions, entreprises … Chacun·e investit plus ou moins fortement certaines temporalités du projet, certaines sont absent·es de certaines phases, voire toutes, mais devront voisiner avec le projet pendant des dizaines d’années. Cette attention nourrit le projet et intègre notre démarche par la mise en place de temps forts dans nos méthodologies : réunions publiques, évènements préfigurateurs, ateliers d’implications citoyennes … Enfin, une vision circulaire de la construction complète notre approche, du côté des matériaux, des productions d’énergie nécessaires à l’usage des bâtiments conçus, etc.

Techniques traditionnelles

Les techniques traditionnelles de construction s'approchent aussi de techniques populaires et anciennes permettant d'utiliser des matières peu transformées dans la construction et la rénovation des bâtiments. Nous nous attachons dans nos pratiques à remettre en cause les produits industriels complexes et à ne pas les employer comme des solutions "prêtes à poser" partout où c'est possible. L'emploi du bois, de la pierre, de la terre, de la paille, du roseau sont l'occasion de valoriser des métiers artisanaux complets et locaux. Ces matières permettent également une transmission professionnelle ou populaire par le chantier et par la connaissance d'une matière à mettre en oeuvre et non d'un produit à poser.

Appropriation

Les bénéficiaires partagent leurs besoins et leurs exigences, en nourrissant les réflexions des architectes. Ainsi, les cultures se mélangent, s’enrichissent. L’architecte est au service de la mise en vie d’un espace, dont ielle sera le plus souvent non usager·e. La posture de conseil de l’architecte pour créer des lieux de vie concertés, génère des lieux de vie vivants et accueillants, répondant au savoir vivre, aux modes de vie de ses futur.e.s usager.e.s. Nous nous attachons par l'approche participative ou par une conception accueillante, imaginative et compréhensible, à favoriser la familiarité des espaces que nous concevons, et ce dès leur découverte.